Le rendez vous musique et danse pour un barrage au Rajasthan, à Vesoul, samedi 7 novembre au Théâtre Edwige Feuillère, fut
éblouissant.
Une salle comble et comblée, chaleureuse et généreuse, n’a pas boudé son plaisir d’assister à une belle représentation, de joindre
l’utile à l’agréable, d’apporter un espoir solide de mettre de l’eau dans ce coin d’Inde où elle fait tant d’excès et où elle fait tant défaut.
Quatre instruments luisants sous les feux de la rampe, 4 jeunes hommes un peu tendus devant un tel auditoire, et… les premières notes s’enchaînaient, d’abord hésitantes, puis libérées de toute
tension; on écoutait gaiement les suites balkaniques, des contes helléniques
Cet « amuse-gueule » entamé, ce fut le tour d’une vieille musette qu’on pourrait entendre dans un film de Klapisch. Un Paris
suranné mais si charmant, des vieilles musiques de Vladimir Cosma. La salle était tout à son bonheur, envoûtée ensuite par ces rythmes d’Istanbul, le parfum des loukoums et l’entêtante ronde des
Derbich Tourneurs. Un arrangement décalé mais plaisant, interprété avec générosité et fougue. Le Vesoul Saxophone Quartet a gagné sa place ce soir là, un rendez vous à ne pas manquer.
Samuel, le Saxophone Ténor, pris enfin le temps de présenter Benoît au saxophone Baryton, le plus stressé du groupe au début, Yannick,
au saxo Alto et Mathieu, au saxo soprano. Sans nous avertir de la qualité à venir de leur prestation, ils osèrent « Summertime », et soudain, un vieux film en noir et blanc, Humphrey
Bogart enlaçant Ingrid Bergmann, des volutes de fumée, un baiser qui se refuse, un bourbon dans la glace, un Jack Daniels, une chaleur moite, Gerschwin…Un vrai bonheur, un Mathieu au soprano
époustouflant
Le salle leur fit un triomphe. Mais dans leur intitulé de Quartet, on attendait toujours,…et le voilà qui arrive d’un coup, le jazz
est là!
Difficile au départ, jusqu’à ce que Benoît prenne les choses en main de son saxo Baryton. Samuel su répondre à cette provocation,
Mathieu et Yannick arbitrèrent le match qui se termina par une belle empoignade d’instruments, tous dévoués à nos oreilles, Jazz for five. L’assemblée applaudit chaleureusement.
A pas feutrés, ils voulurent quitter la scène, suivie d’une panthère Rose malicieuse, capricieuse qu’ils domptèrent sans difficulté,
dans l’allégresse
Un tonnerre d’applaudissement pour ce groupe : à suivre
Knocké par ce début à couper le souffle, ce fut le temps des présentations officielles des clubs services à l’origine de cette belle
manifestation (François Burgey, André Chavanne, Ghislaine Dizien, Alain Dubois, Jean Jacques Legay, Catherine Maurice )
Et la fête continue.
Le thème du spectacle de danse de la troupe de Laurette Chavanne était l’eau, bien sûr; ce liquide si précieux qui inonde tous les
corps et assèche tant d’autres, qui noie autant de pays qu’il en désertifie. Ce fut d’abord un grand silence, comme si l’on attendait la vie : 10 déesses sur scène, drapées de robes bleues
satinées et longues, des voilages azurés au dessus de leur tête, un enchaînement de pas de danse, et l’eau apparut d’un dédale de roche.
Puis 15 marins rappelèrent la souffrance du travail sur les ports: « …et ça sent la morue, dans le port d’Amsterdam » et
« …ils boivent et reboivent dans le port d’Amsterdam » nous rappellent que l’eau et la mer font vivre 50% de la planète directement, au quotidien.
La salle fut subjuguée par ce tableau et la performance des artistes danseurs.
« L’eau de la vie »apparaissait.
La légèreté du rose bonbon ensuite n’en fut que plus agréable. La mise en scène nous rappelle que l’eau de la vie, c’est aussi l’eau
de la mort, dans sa violence, elle emporte tout, les entrailles de la terre se déchirent de partout, la colère frémit et explose, la mort, la violence arrache tout, tous les espoirs semblent
disparus. Un cataclysme réveille les hommes. Le plus beau tableau, bouleversant, un mètre d’eau en plus et c’est un milliard de morts!!!
« Just singing in the rain » et on se remet à chanter dans le vert pastel, 8 petits anges, légères comme des plumes, la vie,
la vie coûte que coûte
Et Laurette osa un rap Enemy,collant noir et Sweet à capuche gris. Une mise en scène remarquable. Encore un tonnerre
d’applaudissement.
Chez Laurette, c’est une école de danse; on le sent bien chez Laurette
Le temps du Surfing in USA, nous rappelle que dans la joie de consommer,
les états Unis restent les premiers pollueurs de la planète, et les premiers consommateurs d’eau. Made in USA.
Il apparaît un corps sur scène, pull et calot marin, un voilier traverse la scène, des mouvements de scène dans l’eau. Un ravissement
sous une musique de Hans Zimmer (« Gladiator » Ridley Scott).
Les autres mousses inondent la scène au son des cornemuses. Il y a trop de guerre de l’eau. Elle appartient à tous, partageons là. 80%
de l’eau potable est consommée dans le monde par 20% du monde.
Une ovation...
Des lucioles dans le vent, un jour sans lune, la fée clochette emprisonnée dans une bulle, un appel au secours des enfants, immaculés
dans des tenues mousseline, 10 galériens dans un monde sans eau, pétrifié par le froid.
Barry White : « You’re the first you’re the last, my
everything.. »
Je vous disais, une vraie école de danse, magnant la légèreté, la gravité, les contrastes avec talent. Une mise en scène pleine de
créativité.
Il y en a pour tous les goûts, le sucré, le salé, et la salle accompagne un mix des bronzés, des scènes cultes, la salle s’amuse, la
scène s’amuse maintenant. C’est le message de ce soir.
Nous devons prendre conscience, nous devons être responsables, mais le sentiment de culpabilité ne mène à rien.
La solution sera trouvée tous ensemble.
Des hommes errent dans le désert, assoiffés, ils sont africains, coincés entre la Somalie et l’Erythrée, ils nous tendent la main et
disparaissent comme des fantômes... Sans commentaire… Une salle bouleversée
Le ciel s’illumine de 1000 étoiles au dessus de nos têtes, le chant des morts accompagne Nefertiti dans sa demeure finale, l’eau de la
vie va la quitter. Elle transmet à toutes les femmes le soin de protéger l’eau, car les hommes n’en sont pas dignes.
Allant tous les jours à l’eau depuis des millénaires elles vont et viennent, les cruches sur la tête. Chaque jour, une femme parcourt
un kilomètre de plus pour trouver de l’eau potable!
La scène finale : du « Bollywood » : un arc en ciel, le soleil, dans une goutte d’eau, l’espoir de cette soirée.
Bravo Laurette pour les danses,
Bravo Laurette pour les costumes
Bravo Laurette pour la lumière
Bravo Laurette pour la mise en scène.